2e leçon

Analyse du bilan

Fonds de roulement et besoin en fonds de roulement

6 décembre 2017

Entretien préalable

 

        Vous devez lire ce chapitre si vous pensez :      

 

                Que le fonds de roulement  est un fonds de caisse utile pour rendre la monnaie aux clients

 

                Que dans « fonds de roulement », « fonds » s’écrit « fond » comme le fond d’un puits

 

               

 

Allons-y, maintenant

I. Le fonds de roulement

Définition par le "haut" du bilan

 

Le fonds de roulement est la partie disponible des ressources stables.

 

Les ressources stables sont les ressources utilisables à court terme (dans l’année au moins).

 

C’est l’addition des capitaux propres et des emprunts à plus d’1 an.

 

La partie disponible des ressources stables est celle qui n’a pas été immobilisée.

 

On en déduit :

 

Fonds de roulement = Ressources stables – actif immobilisé

 

= capitaux propres + dettes financières à + d’1 an – actif immobilisé.

 

Par le haut du bilan, la définition du fonds de roulement permet de comprendre les causes de son augmentation ou de sa diminution.

 

Elle permet de voir aussi la relative stabilité du fonds de roulement à court terme. Les variations des éléments contenus dans la définition du fonds de roulement sont toutes prévisibles, à l’exception du résultat, qui se forme de manière continue tout au long de l’exercice comptable.

 

 

 

Définition par le "bas" du bilan

 

Le fonds de roulement est la partie disponible de l’actif circulant.

 

La partie disponible de l’actif circulant est celle qui n’est pas engagée à court terme

 

On en déduit :

 

Fonds de roulement = Actif circulant – dettes à court terme

 

Avec Dettes à court terme = dettes financières à court terme  + autres dettes

 

Par le bas du bilan, la définition du fonds de roulement permet de comprendre à quoi il a été utilisé

 

 

 

Les deux définitions du fonds de roulement aboutissent au même résultat, comme on peut le vérifier sur le schéma ci-dessous.

 

 

 

 

 

 

ACTIF

PASSIF

 

Actif immobilisé

Ressources stables

Capitaux propres

Fonds de roulement

Actif circulant

Dettes financières à + d’1 an

 

Dettes à court terme

Dettes financières à – d’1 an

Autres dettes

 

 

 

        

 

Le fonds de roulement est là pour faire face au besoin en fonds de roulement

 

2. Le besoin en fonds de roulement

 

A la différence du fonds de roulement qui représente une réalité, le besoin en fonds de roulement (BFR) représente un objectif à atteindre.

 

 

 

Le BFR est la somme d’argent qu’il faudrait avoir à un instant donné pour résoudre le décalage temporel qui existe entre le moment où sont payées les dépenses courantes de l’entreprise et le moment où sont perçues les recettes courantes.

 

On appellera « avances » la partie de ces dépenses qui n’est pas encore compensée par des recettes à un instant donné.

 

Le BFR est mesuré à chaque instant par le montant des avances passées.

 

L’importance du BFR varie selon les systèmes de production.

 

Prenons trois exemples caricaturaux.

 

1er exemple : un chauffeur de taxi

 

Une fois son investissement effectué (le véhicule, la licence..), l’essentiel de ses dépenses est le carburant. Il n’en consomme que s’il a des clients ; ses clients lui paient comptant les courses. Il a certes, des charges fixes (assurances, impôts, taxes, etc.). On peut dire qu’il a un faible besoin en fonds de roulement.

 

Cela signifie qu’au moment de la création de l’entreprise il doit prévoir une somme pour financer  son investissement mais que les autres dépenses courantes pourront être financées par les recettes payées clients.

 

 

 

2e exemple : un pépiniériste

 

Le pépiniériste cultive des arbres dont le cycle de culture peut s’étendre sur un plus ou moins grand nombre d’années.

 

Supposons d’abord  une culture unique de sapins de Noël réalisée par M. MARTIN.

 

Apprécions le BFR à plusieurs étapes clef du cycle de production.

 

 

 

1re étape : M. MARTIN  vient d’acheter les semences, les engrais, le terreau et toutes les autres matières premières qui lui sont nécessaires à ce stade.

 

Avant de commencer le travail, il souhaite souffler un peu et en profite pour réaliser son bilan et évaluer son BFR !

 

Le montant des avances équivaut à la valeur du stock d’approvisionnements présent à son actif à cette date.

 

 

 

BFR = stock d’approvisionnements.

 

 

 

2e étape : M. Martin et ses ouvriers ont réalisé leurs semis. Il s’est écoulé une semaine, pendant laquelle M. Martin a dû payer des salaires, des impôts, de l’énergie, sans compter ses propres dépenses de consommation, autant d’avances supplémentaires  à la production.

 

Le total des avances équivaut cette fois à la valeur nouvelle qu’a pris le stock de semences, désormais en terre, et  qui est devenu un stock d’encours.

 

 

 

BFR = stock d’en-cours

 

 

 

3e étape : au bout de plusieurs années, les semences sont devenues de jeunes pousses puis des sapins prêts à la vente. Pour arriver à ce stade, M. Martin et ses ouvriers ont dû effectuer un certain nombre de tâches (arrosage, transplantation, etc.), apporter un certain nombre d’ « intrants »  supplémentaires (eau, énergie, produits de protection naturels ou de synthèse…), et tout simplement vivre, sur les salaires pour les uns et sur des dépenses de consommation pour l’autre. Toutes ces dépenses servent à évaluer le stock des sapins de Noël prêts à la vente, que l’on appelle désormais stock de produits.

 

Comme il s’est écoulé plusieurs années dans le cas de cette production, on est sûr que la valeur de ce stock est sans commune mesure avec celle du stock initial.

 

 

 

BFR =  stock de produits

 

 

 

4e étape : M. Martin a vendu l’intégralité de son stock de sapins. Mais les clients ne les ont pas encore payés. Le stock est devenu une créance de même valeur.

 

 

 

BFR = créances clients

 

 

 

5e étape : Ça y est, M. Martin a été payé. C’est le moment où les recettes compensent l’intégralité des avances. Celles-ci annulées, on peut dire que le BFR n’existe plus.

 

 

 

BFR = 0

 

 

 

Cette histoire est trop schématique. Dans la réalité, le pépiniériste n’a pas un seul cycle de production. De plus, il ne commence pas toutes  ses productions en même temps. Sans doute qu’à la 2e  étape de la culture de sapins de Noël, il a aussitôt commencé une autre production, qui aura une durée égale ou différente de la première. Et à la 2e étape de cette 2e production commencera la 1re étape d’une 3e production, ainsi de suite.

 

A chaque instant, il y a donc dans l’exploitation des stocks de matières premières, d’en-cours, de produits, et des créances. Et c’est la somme de ces éléments qui constitue à chaque instant le BFR de l’entreprise.

 

 

 

BFR = matières premières + en-cours + produits + créances clients

 

 

 

 

T1

T2

T3

T4

T5

T6

1ere production

Appros

En-cours

Produits

Créances

0

 

2e production

 

Appros

En-cours

Produits

Créances

0

3e production

 

 

Appros

En-cours

Produits

Créances

4e production

 

 

 

Appros

En-cours

produits

BFR

 

 

 

Appros + en-cours + produits + créances

 

 

 

 

 

Supposons maintenant qu’en T4 les derniers appros n’aient pas encore été payés aux fournisseurs. Dans ce cas, le stock d’approvisionnements ne représente plus une avance. Il convient donc de diminuer le BFR du montant des dettes aux fournisseurs.

 

De la même manière, les autres dettes gratuites (par exemple les dettes fiscales et sociales) diminuent le besoin en fonds de roulement.

 

 

 

D’où la formule de calcul générale du BFR

 

 

 

BFR = stocks + créances –  autres dettes

 

 

 

Le fonds de roulement et le besoin en fonds de roulement peuvent être utilisés conjointement pour faire une analyse des problèmes financiers qui se posent à court terme dans une entreprise

 

3. Diagnostic financier de court terme

A. Caractéristiques respectives du fonds de roulement et du besoin en fonds de roulement

 

                Relative stabilité du fonds de roulement à court terme.

 

Le fonds de roulement se modifie au court d’une année, mais d’une manière qui reste marginale ou prévisible.

 

L’actif immobilisé se modifie par l’amortissement, par les investissements ou les désinvestissements

 

         L’amortissement se planifie,

 

         Les investissements et désinvestissements se prévoient pour l’essentiel.

 

         Les ressources stables se modifient par les emprunts à long terme et par les capitaux propres.

 

         Le  remboursement des emprunts est planifié et leurs augmentations sont prévisibles.

 

         Les augmentations de capital se prévoient. Seul le résultat de l’exercice en cours est aléatoire et peu prévisible.

 

 

 

                Instabilité du besoin en fonds de roulement.

 

Les éléments du BFR sont en variation et en transformation permanente. Leur variation est  soumise à deux influences :

 

         Celle du cycle de production (voir les 3 exemple utilisés pour définir le BFR), d’où le caractère cyclique du BFR ;

 

         Celles des relations avec les fournisseurs et les clients

 

La première influence permet une planification approximative sur l’année du BFR.

 

 

 

D’où la possibilité de représenter comme suit l’évolution à court terme de la situation financière d’une entreprise.

B. La trésorerie nette

 

Définition :

 

 

 

         Trésorerie nette = Disponibilités – dettes financières à court terme.

 

 

 

Propriété :

 

 

 

         Trésorerie nette = Fonds de roulement moins besoin en fonds de roulement