7e leçon

L'emploi et le chômage

6 mai 2018 - actualisé le 21 mai 2025

Entretien préalable

 

Vous devez suivre cette leçon si vous pensez :

 

 

 

         Que l’offre de travail c’est la même chose que l’offre d’emploi,

 

         Que la demande de travail c’est la même chose que la demande d’emplois

 

         Que la demande d’emplois est le nombre de demandeurs d’emplois

 

         Qu’un licenciement augmente l’offre de travail

 

         Qu’un licenciement augmente la demande d’emplois

 

        

 

Allons-y maintenant

 

Introduction

 

          Population active – population active employée (ou emploi) = chômage

 

 

L’offre est la variation de la population active

 

               En effet, l’offre = intention de vendre (ce qui exclut la force de travail déjà vendue)

 

      La demande est la variation de l’emploi (créations nettes d’emplois) pour la même raison

 

 

 

1. L'offre de travail ou de force de travail

 

(ou demande d'emplois)

 

L’offre nette = arrivées  - départs (sur et du marché du travail)

 

A. Les arrivées sur le marché du travail

 

Elles dépendent de trois ordres de facteurs:

 

 

 

a) Un facteur démographique (le plus important):

 

le taux de natalité de la génération en âge d'entrer sur le marché du travail.

 

exemple: Sous l’influence du « baby boom » (définition), situation le nombre de demandeurs d'emplois a augmenté à la fin des années 1960

 

 

 

b) Des facteurs sociologiques :

 

le comportement de certaines catégories de la population vis-à-vis de l'emploi: femmes, immigrés... Se reflète dans le taux d’activité.

 

la durée de la scolarité

 

 

 

c) Un facteur institutionnel :

 

l'âge de fin de scolarité obligatoire

 

B. Les départs du marché du travail

 

Ils dépendent des mêmes ordres de facteurs :

 

 

 

a) Un facteur démographique:

 

le taux de natalité de la génération en âge de quitter le marché du travail.

Actuellement, c’est la génération du « papy boom » 

 

 

 

b) Un facteur institutionnel :

 

l'âge de la retraite

 

C. Synthèse illustrée sur l'offre de travail

 

 

 

         Considérons la pyramide des âges[1] à des dates différentes. Les documents n° 1, 2 et 3 représentant respectivement les pyramides des âges au 1er janvier 2018, au 1er janvier 2000 et au 1er janvier 1968.

 

         Si tous les jeunes sortaient au même âge du système scolaire (par exemple 20 ans), le nombre réel des arrivées  sur le marché du travail une année donnée, serait  le nombre de personnes nées 20 ans auparavant.

 

         En réalité, les arrivées sur le marché du travail s’échelonnent entre 16 et 25 ans environ, en fonction de la durée des études.

 

 

 

         De même, si tous les actifs d’une génération prenaient leur retraite en même temps (par exemple 62 ans), le nombre réel de départs du marché du travail une année donnée serait le nombre de personnes nées 62 ans auparavant.

 

         En réalité, seule une partie des personnes âgées de 62 ans une année donnée prennent leur retraite cette année-là. Les autres l’ont déjà prise ou vont la prendre plus tard.

 

 

 

         Ces données de comportement (sociologiques, se traduisent dans les taux d’activité. Nous connaissons ces derniers par tranches d’âge et non par générations.

 

 

Taux d’activité en 2024 (source Insee)

 

Tranche d’âge

Hommes

Femmes

Ensemble

15-64 ans

75,2

70.4

72.7

15-24 ans

43.3

38.3

40,9

25-49 ans

90.1

83.2

86.6

50-64 ans

72.5

69.5

71.0

Ensemble des 15 ans ou plus

58,6

51,4

54,9

 

 

 

         Il est donc difficile de chiffrer précisément l’offre une année donnée. Il faudra se contenter d’en estimer une fourchette.

 

         Pour ce faire, on retiendra deux hypothèses parmi toutes les hypothèses de l’âge d’arrivée sur le marché du travail : l’hypothèse qui en donne le nombre maximal et celle qui en donne le nombre minimal.

 

         De même, on retiendra deux hypothèses parmi toutes les hypothèses de l’âge de départ du marché du travail : l’hypothèse qui en donne le nombre maximal et celle qui en donne le nombre minimal.

 

         On pourra alors retenir  une fourchette de l’offre comprise entre un maximum égale à :

 

         Nombre maximal des arrivées – nombre minimal des départs,

 

et un minimum égal à :

 

         Nombre minimal des arrivées – nombre maximal des départs.

 

Les documents n° 1, 2, 3 et 4 représentent cette synthèse pour les années respectives 2025, 2018, 2000 et 1968.

 

Document n° 1

Estimation de l’offre sur le marché du travail en 2025

D'après la pyramide des âges française au 01-01-2025 [1]

Les arrivées potentielles sur le marché

Les départs potentiels du marché

Personnes nées en

Leur âge en 2025

Leur nombre

Nés en

Age en 2018

Nombre

2008

16

876 062

1959

66

822 335

2007

17

860 760

1960

65

833 627

2006

18

856 820

1961

64

840 047

2005

19

820 821

1962

63

846 125

2004

20

798 385

1963

62

879 048

2003

21

776 616

1964

61

896 022

2002

22

783 334

1965

60

888 808

2001

23

793 842

1966

59

889 020

2000

24

809 907

1967

58

870 735

1999

25

774 141

1968

57

874 486

Nombre maximal

 

860 760

 

 

874 486

Nombre minimal

 

809 907

 

 

822 335

Offre maximale

 

 

 

 

38 425

Offre minimale

 

 

 

 

-64 579

 



[1] https://www.insee.fr/fr/outil-interactif/5014911/pyramide.htm#!y=2025&o=2025v1&c=0

 

 

Document n° 2

Estimation de l’offre sur le marché du travail en 2018

D'après la pyramide des âges française au 01-01-2018

Les arrivées potentielles sur le marché

Les départs potentiels du marché

Personnes nées en

Leur âge en 2018

Leur nombre

Nés en

Age en 2018

Nombre

2001

16

816 021

1952

66

760 764

2000

17

828 193

1953

65

780 203

1999

18

785 471

1954

64

769 877

1998

19

775 524

1955

63

788 149

1997

20

750 885

1956

62

790 864

1996

21

751 084

1957

61

801 271

1995

22

734 838

1958

60

809 540

1994

23

705 808

1959

59

813 824

1993

24

698 780

1960

58

833 430

1992

25

732 693

1961

57

840 074

Nombre maximal

 

828 193

   

840 074

Nombre minimal

 

698 780

   

760 764

Offre maximale

       

67 429

Offre minimale

       

-141 294

 

 

 Document n° 3

Estimation de l’offre sur le marché du travail en 2000

D'après la pyramide des âges française au 01-01-2000

Les arrivées potentielles

Les départs potentiels

Personnes nées en

Leur âge en 2000

Leur nombre

Nés en

Age en 2000

Nombre

1983

16

751 361

1933

66

537 007

1982

17

799 439

1934

65

553 614

1981

18

809 961

1935

64

537 254

1980

19

809 235

1936

63

544 808

1979

20

762 205

1937

62

539 969

1978

21

738 461

1938

61

541 840

1977

22

742 461

1939

60

548 965

1976

23

718 601

1940

59

516 822

1975

24

737 092

1941

58

495 295

1974

25

785 793

1942

57

547 652

Nombre maximal

 

809 961

   

553 614

Nombre minimal

 

718 601

   

495 295

Offre maximale

       

314 666

Offre minimale

       

164 987

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Document n° 4

 

Estimation de l’offre sur le marché du travail en 1968

 

D'après la pyramide des âges française au 01-01-1968

Les arrivées potentielles sur le marché

Les départs potentiels du marché

Personnes nées en

Leur âge en 1968

Leur nombre

Nés en

Age en 1968

Nombre

1951

16

830 885

1901

66

484 913

1950

17

863 864

1902

65

503 361

1949

18

864 732

1903

64

504 044

1948

19

869 755

1904

63

517 458

1947

20

861 960

1905

62

527 214

1946

21

819 370

1906

61

537 255

1945

22

623 521

1907

60

536 856

1944

23

616 917

1908

59

560 478

1943

24

612 012

1909

58

561 159

1942

25

574 769

1910

57

571 611

Nombre maximal

 

869 755

   

571 611

Nombre minimal

 

574 769

   

484 913

Offre maximale

       

384 842

Offre minimale

       

3158

 

 

2. La demande de travail ou de force de travail

(ou offre d'emplois)

 

A. La demande de travail résulte d'abord de la croissance

 

Le besoin de main-d’oeuvre résulte de la production. On embauche pour produire des biens et des services.

 

La demande correspond à un besoin nouveau de main-d’oeuvre. Ce besoin nouveau suppose une augmentation de la production (croissance économique, mesurée par l’augmentation du PIB).

 

Mais elle n’est pas nécessairement proportionnelle à cette croissance. D’autres facteurs interviennent.

 

 

 

  Pour les découvrir, introduisons la notion de productivité du travail

 

B. Influence de la productivité et de la durée du travail

 

1. Productivité du travail

 

= quantité produite / volume de travail utilisé

 

= quantité produite / nombre de travailleurs ´durée du travail

 

 

 

         Nombre de travailleurs ´durée du travail / quantité produite  = 1/ productivité du travail

 

         nombre de travailleurs = quantité produite  / productivité du travail ´durée du travail

 

 

 

2. L’ évolution du nombre de travailleurs dépend :

 

 

 

-De la croissance économique, de manière directe,

 

 

 

-Des gains de productivité du travail et de l’évolution de la durée du travail, de manière indirecte

 

 

 

         En l’absence de gain de productivité,

 

         pour une durée du travail constante,

 

                   l’emploi varie proportionnellement à la croissance économique

 

         Si la productivité augmente, il faut un taux de croissance d’autant plus élevé pour créer le même nombre d’emplois

 

         Si la durée du travail diminue, il faut un taux de croissance d’autant moins élevé.

 

 

 

         Les évolutions respectives de la productivité et de la durée du travail déterminent le « contenu en emploi de la croissance »

 

 

 

Evolution du PIB, de l’emploi, et de la productivité du travail en France (source Insee)

 

 

 

Données en % de variation

PIB en volume

emploi en nombre de personnes

emploi en équivalent temps plein

Volume d’heures travaillées

Productivité horaire du travail

2011-2021

8,7

8,2

8,2

3,6

4,8

2001-2011

13,5

4,2

4,7

4,9

10,0

1991-2001

24,3

9,9

7,4

3,7

20,8

1981-1991

27,7

4,9

4,8

-3,5

31,9

 

 

On constate sur ce tableau :

         - que l’emploi n’a pas cessé d’augmenter sur toute la période, et ce malgré une augmentation également continue de la productivité du travail.

Ceci résulte d’une croissance du PIB supérieure à celle de la productivité du travail.

- qu’ il y a malgré tout un ralentissement très net des gains de productivité du travail

 

         - que l’emploi en nombre de personnes croît plus vite que le volume d’heures travaillées, ce qui indique une baisse de la durée du travail. 

 

4. Le chômage

  A. Définition du BIT (Bureau International du Travail)

 

« Un chômeur au sens du BIT est une personne âgée de 15 ans ou plus qui répond simultanément à trois conditions :

être sans emploi durant une semaine donnée ;

être disponible pour prendre un emploi dans les deux semaines ;

avoir cherché activement un emploi au cours des quatre dernières semaines ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois.

         Les démarches actives considérées sont variées : étudier des annonces d’offres d’emploi, se rendre à un salon professionnel, mobiliser son réseau social ou prendre des conseils auprès de France Travail, etc.

 

L e taux de chômage est le rapport entre le nombre de chômeurs et la population active.

La population active est la population qui a un emploi ou qui remplit les conditions pour en avoir eux. Elle comprend les chômeurs mais exclut les enfants, élèves, étudiants et retraités.

 

 

 

Illustrations

Taux de chômage en France selon le sexe et l’âge en 2025 (1er trimestre)[1] en %

 

Tranche d’âge

Femmes

Hommes

Total

15-24 ans

18,8

19,4

19,2

25-49 ans

7,0

6,5

6,7

50 ans ou plus

4,8

4,7

4,7

Total

7,4

7,4

7,4


 

 

Évolution du taux de chômage en France. Taux dee chômage en % au premier trimestre de quelques années clés. Quelques dates-clés.[2]

Année

Taux de chômage en %

1975

3,2

1994

10,7

2006

9,2

2013

10,3

2020

8,2

2025

7,4

 

Le taux de chômage dans quelques pays de l’Union européenne en 2024

 

Grèce

10,1

Espagne

11,4

Italie

6,5

France

7,4

Allemagne

3,4

Portugal

6,5

Roumanie

5,4

Zone euro à 20

6,4

Union européenne à 27

5,9

 

 

B. Définition de la Dares et de France Travail

Catégorie A :

             Recherche active d’emploi

             Aucune activité rémunérée au cours du mois précédent

             Disponibilité immédiate

Catégories B et C

             Ont exercé une activité limitée

                       B : moins de 78 heures

                       C : plus de 78 heures

Catégories D et E

             Personnes non disponibles immédiatement

                       D : personnes malades ou en formation

                       E : personnes pourvues d’un emploi, à la recherche d’un autre emploi (créateurs d’entreprise, bénéficiaires de contrats aidés…)

 

Catégorie F : Personnes en parcours social

Catégorie G : Personnes en attente d’orientation

5. Le fonctionnement du marché du travail

 

                   A  Influence du salaire sur l’offre de travail  (ou demande d’emplois)

 

pour les catégories qui ont le choix entre offrir ou non leur force de travail (demander ou non un emploi)

 

 

                B Influence du salaire sur la demande de travail (ou offre d’emplois)

 

 

 

         L’augmentation du salaire peut inciter l’employeur :

 

  1. à délocaliser la production ;

  2. à réaliser des gains de productivité

    • substituer du capital au travail (« remplacer l’homme par la machine »)

    • rationnaliser la production (utiliser le « facteur travail » à sa pleine capacité en chassant les temps mort

       

                        C Influence en retour de l’offre et de la demande sur le salaire

       

                 Particularités du marché du travail

       

      1) la fixation du  salaire résulte d’une procédure en grande partie collective.

      Trois influences :

                   -l’Etat : fixe un minimum général (le SMIC)

                   -la négociation collective : fixe un minimum par branche

                   -enfin, la négociation individuelle: fixe le salaire de chaque contrat

          2) la négociation individuelle est fortement a-symétrique : une des parties au contrat impose en grande partie ses conditions

       

                 Conséquence 

          le salaire ne joue pas un rôle d’ajustement automatique et immédiat en cas de déséquilibre offre / demande

                   ex : en cas de chômage, le salaire ne baisse pas immédiatement

          Il peut jouer cependant ce rôle à plus long terme :

                   en cas de chômage, le gouvernement peut décider de ne plus augmenter le smic ; (mais cela dépend de ses choix politique et de son inspiration théorique) ;

                   en cas de chômage, les syndicats patronaux bénéficient d’un rapport de force qui leur permet d’imposer une stagnation des minima par branches dans les négociations collectives.