2e leçon

La dynamique du circuit

6 décembre 2017

Entretien préalable

 

        Vous devez lire ce chapitre si vous pensez :

 

Que le circuit économique est toujours équilibré

 

Que le circuit économique n’est jamais équilibré

 

Que l’épargne est de l’argent mis dans un « bas de laine »

 

Que dépenser et consommer c’est la même chose

 

Que la propension marginale à consommer est la tendance qu’ont les « marginaux » à boire de l’alcool

 

         Que le multiplicateur est un concept de l’arithmétique et rien d’autre

 

 

Allons-y, maintenant

 

         Nous avons vu dans la leçon précédente que, grâce aux intermédiaires financiers, le flux monétaire du circuit économique peut se renouveler sans perte : les revenus distribués peuvent être toujours tous réutilisés.

 

 

 

         Cette hypothèse se traduit par :

 

Revenus distribués aux ménages  = dépenses totales des différents acteurs

 

 

 

         Le revenu des ménages se décompose selon ses utilisations : consommation et épargne

 

         La dépense des acteurs se décompose selon sa fonction : consommation des ménages et investissement des entreprises

 

 

 

C + E =  C + I

 

 

 

Avec :

 

         E:  Epargne

 

         I : Investissement

 

         C: Consommation

 

 

 

D’où E = I

 

        

 

Cette égalité ne désigne pas un acquis, mais une condition de l’équilibre.

 

 

 

Deux conceptions existent, des conditions de cet équilibre.

 

1. Conception libérale néo-classique

A. Hypothèses

 

         E et I dépendent d’un même déterminant : le taux d’intérêt, prix du capital

 

         E est l’offre de capital

 

         I est la demande de capital.

 

Le taux d’intérêt peut prendre plusieurs formes selon la forme de l’apport en capital

 

         Le taux d’intérêt pour un prêt, pour une obligation ;

 

         Les dividendes pour une action

 

         Le taux de profit quand le capital est utilisé directement.

 

B. Mécanisme

 

                1 Que se passe-t-il si E > I ?

 

Le taux d’intérêt baisse

 

L’offre diminue (épargne) au profit de la consommation

 

La demande (investissement) augmente, jusqu’à ce que E = I

 

 

 

                2 Que se passe-t-il si I > E ?

 

Le taux d’intérêt augmente

 

L’offre augmente (épargne) au détriment de la consommation

 

La demande diminue (investissement), jusqu’à ce que I = E

 

2. Conception keynésienne

A. Hypothèses

 

  1. Détermination de l’épargne

    E dépend du revenu.

 

L’épargne des ménages est liée à leurs revenus. Plus on gagne, plus on épargne, bien que dans des proportions moindres. Cela est conforme à une triple hypothèse :

 

 

 

1re hypothèse : Il existe une consommation incompressible C

 

2e hypothèse : La propension marginale à épargner est constante

 

Définition :

 

         La propension marginale à épargner (em)  est le supplément d’épargne (dE) causé par un supplément de revenu (dR)

 

em = dE / dR

 

 

 

 

 

3e hypothèse : La propension moyenne à épargner augmente quand le revenu augmente

 

Définition :

 

         La propension moyenne à épargner e est la part de l’épargne dans le revenu d’un ménage ou de l’ensemble des ménages

 

e = E / R ou e = E / RN (avec RN = Revenu National)

 

 

 

Démonstration :

 

A partir d’un exemple, avec une consommation incompressible de 1 000 € (par mois), et une propension marginale à épargner de 0,5.

 

 

 

 

Année n

Année n +1

Année n + 2

Année n + 3

Revenu mensuel R

1 000

1 100

1 200

1 300

Consommation mensuelle C

1 000

950

1 000

1 050

Epargne mensuelle E

0

50

100

150

Propension moyenne à épargner e

0

50 / 1 100= 0,045

100 / 1 200 = 0,083

150 / 1 300 =

0,115

Propension marginale à épargner em

Sans objet

50/100 = 0,5

 

 

 

 

 

  1. Détermination de l’investissement

    I dépend de l’ « efficacité marginale attendue du capital », qui dépend elle-même de la demande anticipée.

    Définitions :

             Efficacité : terme utilisé par Keynes pour désigner la productivité

             Efficacité marginale : productivité d’une unité supplémentaire de capital (exemple : une machine supplémentaire dans une entreprise qui en compte un certain nombre).

             Efficacité marginale attendue : c’est celle que les entrepreneurs imaginent pour le futur.

             Demande anticipée : demande à laquelle s’attendent les entrepreneurs dans le futur

                     

    Démonstration :

             Les entrepreneurs n’investissent que s’ils s’attendent retirer de leurs investissements un profit au moins égal en % au taux de l’intérêt.

             Le profit dépend de l’efficacité du capital.

             Un investissement est l’apport d’une unité supplémentaire de capital.

             Le profit d’un investissement dépend de l’efficacité de cet investissement, donc de l’efficacité marginale du capital.

             Celle-ci dépend de la demande adressée par les consommateurs aux entreprises. En effet, sans demande supplémentaire, les nouveaux équipements  fonctionneraient au-dessous de leur capacité de production.

             L’investissement étant un engagement à moyen terme, les entrepreneurs ne le décident qu’en fonction de ce qu’ils imaginent du futur, ou encore de leurs anticipations.

            

     

    Conclusion sur les hypothèses keynésiennes :

             Indirectement, l’investissement dépend du taux de l’intérêt (ceci est un point commun avec l’approche libérale néo-classique).

             Cependant, l’épargne ne dépend pas du taux d’intérêt, mais du revenu des ménages (ceci est une différence avec l’approche libérale néo-classique).

    L’investissement et l’épargne dépendent de facteurs différents.

             Il n’y a donc aucune raison a priori que l’investissement et l’épargne coïncident.

 

B. Mécanisme

 

                1 Que se passe-t-il si E > I ?

 

Il y a une « fuite » hors du circuit (thésaurisation)

 

Voir leçon 1 : « le circuit », schéma n° 3

 

         Comme le flux monétaire 4 < 3,

 

                  (3 + 4 + 5) < (1 + 2)

 

                            Baisse du revenu national (RN), récession

 

Or, RN = C + E

 

         Il y a une relation constante entre le revenu, la consommation et l’épargne (caractère constant  à court terme de la propension à épargner et à consommer)

 

Donc, baisse de l’épargne, jusqu’à ce que E = I.

 

L’équilibre comptable est réalisé, mais c’est un équilibre de sous-emploi.

 

 

 

                2 Que se passe-t-il si I > E ?

 

Il y a une injection d’argent dans le circuit.

 

Une même somme circule entre des mains différentes :

 

         c’est le multiplicateur.

 

 

 

Exemple (fictif)

 

On suppose une propension marginale à consommer égale à 0,6 (soit une propension marginale à épargner de 0,4).

 

Numéro du flux

Description du flux

Montant (en millions d’euros)

1

Les banques ont accordé aux entreprises d’aménagement paysager des crédits pour … 

 

1 00

2

Les entreprises d’aménagement paysager ont investi en achetant avec cette somme des minipelles et autres engins  agricoles

1 00

3

Les constructeurs d’engins agricoles ont versé une  partie de cette somme à leurs salariés, une autre partie à leurs actionnaires et une dernière partie  à leurs fournisseurs de matières premières.

 

 

 

 

 

 

 

100

4

Leurs fournisseurs de matière première ont versé  une  partie de la somme qu’ils ont reçue à leurs salariés, une autre partie à leurs actionnaires et une dernière partie  à leurs propres fournisseurs de matières premières.

5

Ainsi de suite. Quelle somme se retrouve entre les mains des ménages ?

6

Les ménages consacrent la moitié de leur consommation à l’alimentation et l’autre moitié à l’habillement.

100

7

Les entreprises de la filière alimentaire versent une  partie de la somme qu’ils ont reçue à leurs salariés, une autre partie à leurs actionnaires et une dernière partie  à leurs fournisseurs de matières premières, soit au total

0,6 x 50

8

Les entreprises de la filière habillement versent une  partie de la somme qu’ils ont reçue à leurs salariés, une autre partie à leurs actionnaires et une dernière partie  à leurs fournisseurs de matières premières, soit au total

0,6 x 50

9

Ainsi de suite. Quelle somme se retrouve à  nouveau entre les mains des ménages ?

1 00 x 0,6

10

Ces ménages consacrent la moitié de leur consommation à l’alimentation et l’autre moitié à l’habillement. Quelle est leur consommation totale ?

0,6 x 0,6 x 100

 

Combien de fois au total 1 00 millions ont-ils  été dépensés ?

3 fois

11

Si l’on s’arrête là, quelle est la dépense totale  de consommation occasionnée par ce crédit de 1000 ? Réponse ci-dessous :

 

100+ 0,6 x 100+ 0,6 x0,6 x 100

 

Et si on continue un coup ? Réponse ci-dessous :

 

100 + 0,6 x 100 + 0,6 x0,6 x 100 + 0,6 x 0,6 x 0,6 x 100

 

Et si l’on ne s’arrête jamais ? Formule générale  ci-dessous :

 

100 x (1 + 0,6 + 0,62 + …)

Tend vers 100 x 1/1-0,6

 

Et avec c= propension marginale à consommer, et I = somme investie (réponse ci-dessous) :

 

I x (1/1-c)