Dix ans déjà !

Ce site a dix ans et je ne laisserai personne dire… qu’il n’atteindra jamais la vingtaine.

Certes, en dix ans, l’évolution du monde a rendu obsolètes beaucoup de ces contenus. Certains mériteraient d’être réactualisés, tandis que d’autres sont sans doute totalement dépassés.

Aucun d’eux n’a la solidité du bois dont j’ai sculpté les œuvres exposées ICI

 

Dépassés ? Est-ce si sûr ?

 

Représentations est né d’une volonté de démystifier le langage économique. Or, à cet égard, je persiste et signe : j’ai aujourd’hui la satisfaction de constater que je n’ai pas une ligne à retirer de ce que j’affirmais il y a dix ans :

Non, il n’y a pas de monnaie plus forte qu’une autre (suivez mon regard),

Non, l’euro n’est pas responsable de l’inflation. Il ne l’était pas à l’époque de sa création, puisque l’inflation avait quasiment disparu du continent qui lui donna son nom. Si elle a fait sa réapparition aujourd’hui, c’est pour des causes totalement indépendantes de l’existence, maintenant ancienne, de la monnaie européenne.

Non, inciter les personnes à chercher du travail ne diminue pas le chômage. Au contraire et par définition, cela l’augmente.  La preuve en est administrée aujourd’hui par ceux-là mêmes qui veulent durcir les conditions de perception du RSA et des indemnités de chômage : ils ne le font pas pour diminuer le chômage, mais, au contraire, pour pallier des pénuries sectorielles de main-d’oeuvre.

Toi qui fais partie des 7 989 personnes qui, à un moment ou un autre, ont visité ce site, tu peux donc relire sans danger ces démystifications, t’en resservir sans crainte une louche.

 

Né d'une volonté de démystifier le langage économique, Representations s'en est vite échappé.

Au-delà de ce langage particulier, je me suis intéressé au langage tout court, m'amusant à construire un mini-dictionnaire des figures de style. (suivez mon regard).

 

J’ai proposé un certain nombre d’hypothèses, notamment dans le domaine des relations internationales, plus largement de la politique. Une seule pourrait les résumer : on a le droit d’importer des concepts de l’économie vers d’autres disciplines. Par exemple, on peut penser que le schéma de la spéculation peut être élargi aux domaines géopolitique et politique. Les acteurs anticipent l’action des autres, s’y adaptent par avance, accélèrent les crises. L’escalade des conflits   ressemble à une bulle spéculative.        (suivez mon regard).

L’exercice du pouvoir illustre aussi le mécanisme spéculatif, quand les acteurs font par avance ce qu’on attend d’eux. (suivez mon regard).

 

Dès 2013, je me suis laissé embarquer dans une aventure folle : suivre l’Histoire en train de faire. Le 14 janvier 2011, la petite Tunisie avait allumé l’étincelle des « printemps arabes ». Qu’allait-elle en faire ?  J’écrivais alors que « la peur avait changé de camp ». Dans les rues, les indics et les sbires de Ben Ali pouvaient désormais craindre pour leur vie. En 2013, une bonne partie de la société tunisienne était inquiète de la montée en puissance de ces islamistes que Ben Ali opprimait avant 2011. En 2014, les militaires tunisiens risquaient leur vie à la frontière algérienne contre des terroristes lourdement armés. (suivez mon regard).

Mais aujourd’hui, toutes ces peurs semblent bien avoir été remplacées dans ce pays par une autre, le toute dernière en date : la peur du désordre, de l’ingouvernabilité. Face à elle, la société tunisienne s’en est remise à un « homme providentiel » qui s’est ensuite débarrassé du parlement pour exercer un pouvoir solitaire. Par peur du loup, le petit chaperon rouge se serait réfugié entre les bras de sa mère grand, sans reconnaître en elle le loup déguisé. Que diriez-vous de cette métaphore ?

 

Mais tournons-nous plutôt vers le futur. Dans dix ans, quand ce site en aura 20, à quoi ressemblera le monde ?

 

Rêvons un peu. Rêvons que nous le raconterons de la manière suivante :

 

En 2025, Donald Trump reprend les commandes à Washington. Il fait voter par le Congrès la fin progressive de l’aide militaire à l’Ukraine et déplace les sanctions économiques, allégeant celles qui visent Moscou, renforçant celles qui sont dirigées contre Pékin. 

En 2027, Marine Le Pen arrive au pouvoir en France. Complètement débordée par sa droite, elle multiplie les mesures réactionnaires : rétablissement de la peine de mort, abolition du droit à l’avortement, dissolution de la Ligue des droits de l’Homme, privatisation de l’audiovisuel, rétablissement de la conscription militaire, suppression de l’impôt sur le revenu…

En Russie, la population ne supporte plus l’économie de guerre. En octobre 2027, 110 ans après la première révolution d’octobre, la deuxième éclate : Vladimir Poutine est renversé à la suite d’une mobilisation populaire. Une junte s’installe. Comme 110 auparavant, quand Lénine avait fait la paix avec l’Allemagne, le nouveau pouvoir retire les troupes russes d’Ukraine.

En France, dès 2028, le monde de la culture parvient à mobiliser des millions de personnes qui manifestent dans les rues contre la mise en application du programme du Rassemblement national. Par ailleurs, la majorité de la population constate que l’extrême droite n’a pas résolu les problèmes de « fin de mois ».

Fin 2028, suite aux outrances de M.Trump, les citoyens des Etats-Unis infligent à la droite un retour de balancier en élisant la démocrate Kamala Harris, ex-vice -présidente de Joe Biden, d’origine asiatique par sa mère et jamaïcaine par son père. La nouvelle présidente exerce une très forte pression sur Israël, qui reprend les négociations avec une fédération palestinienne comprenant, à égalité, des représentants islamistes et laïcs. La perspective est la création d’un Etat palestinien dans une Cisjordanie décolonisée. Avec la Russie nouvelle, désormais acquise aux valeurs démocratiques, commence une période de détente.

En 2030, les conséquences du réchauffement climatique ont atteint les classes moyennes et supérieures des grandes métropoles du monde développé. Dans toutes les villes traversées par des fleuves se sont multipliées les inondations dévastatrices. Le tourisme balnéaire est ruiné par la montée des eaux, qui menace d’engloutir Hawaï, les îles Baléares, Madère et tant d’autres. Les stations de sports d’hiver se sont dans le meilleur des cas reconverties en établissements de cure thermale. En France, la période d’ouverture de la chasse se réduit désormais à deux semaines dans l’année, entre la fin du risque d’incendie et le début de l’hiver.

En France toujours, aux élections de 2032, le balancier revient à son tour en pleine figure de l’extrême droite. François Ruffin est élu président de la République. On raconte que certains soirs, périodiquement, discrètement, il rend visite au vieux sage Jean-Luc Mélenchon, qui, assis dans son fauteuil roulant, lui prodigue ses conseils ; le président écoute… et sélectionne.

Le 18 décembre 2033, s’ouvre à Moscou la COP 38. Face à l’urgence climatique, le conseil de sécurité de l’ONU désormais débarrassé du veto russe, a décidé de prendre le contrôle des compagnies pétrolières. Les casques bleus encerclent les puits avant de les placer sous séquestre. Un seul précédent est dans toutes les têtes pour comprendre cette réactivité : celui de la pandémie de covid-19. Comme en 2020, a planète entière réagit dans le même sens et accepte d’appliquer le « quoi qu’il en coûte ».

 

La même année, l’Ukraine vote pour la première fois au sein du conseil européen comme membre à part entière, Forte de la mémoire collective des réfugiés rentrés chez eux après les années de guerre contre Poutine, elle impose à l’UE une orientation en faveur de l’accueil et d’une juste répartition des réfugiés d’Afrique. 

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